Le Mûrier est une école d'enseignement privé qui accueille les enfants de la maternelle, primaire et collège. Les enfants de 2 à 5 ans reçoivent une éducation basée sur la méthode Montessori, une pédagogie internationale et nouvellement introduite au Maroc. Au primaire et au collège, notre devise est le parascolaire ainsi que le travail par projet.

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Il est urgent de restaurer les zones humides

Des nids flottants pour les foulques à Zerrouka

Sur ta route vers Fès, en quittant la ville d’Ifrane, tu peux remarquer des voitures arrêtées sur les deux bords de la route près d’un pont au-dessus de l’Oued Zerrouka. Ce fleuve est l’affluent principal de l'oued Tizguite, le fameux site naturel et touristique du Val d’Ifrane avec sa Source Vittel. Juste à ta droite tu peux voir une digue qui fait obstacle aux eaux pour atténuer les crues et alimenter la nappe. Ce petit mûr a créé une retenue d’eau : c’est Zerrouka, un petit plan d’eau artificiel. A quelques 300m de la digue la source qui alimente aussi ville d'Ifrane en eau potable.

Selon le Professeur Chilasse, ornithologue et enseignant à l’Université Moulay Ismael de Meknès, qu’on a interviewé lors de la célébration de la journée mondiale des zones humides à Ifrane et la désignation de la cité comme « Ville des Zones Humides » le 2 Février 2023 et la désignation de la ville, aux côtés de 25 autres villes à travers le monde, ce site est une zone humide d’importance internationale classée site Ramsar depuis 2019. Tout autour de ce lac un beau paysage avec des peupliers tachetés de gui. Une végétation aquatique submergée formée entre autres de Myriophylle en épis, de Renoncule d'eau et de Potamot pectiné et une végétation émergente constituée de Roseau à massette, du Jonc des crapauds et d’autres.

Notre interlocuteur a ajouté que ce plan d'eau a été créé aussi pour développer la pêche sportive; il est empoissonné par des truites. Son avifaune aquatique hivernante se compose de 23 espèces, dont cinq régulières (surtout des plongeurs comme les Foulques caronculée et macroule, la Poule d'eau, le Canard colvert et la Grèbe castagneux). Ces mêmes espèces sont nicheuses et probablement sédentaires.

Cette rivière d’altitude, bien réputée au Maroc, est très prisée par les visiteurs pour ses eaux abondantes et fraiches et sa végétation luxuriante qui lui confère une valeur paysagère unique. Il est devenu victime de son attractivité touristique et draine des flux de visiteurs de plus en plus abondants surtout avec l’asséchement des zones humides proches comme Dayet Aoua et Dayet Hachlaf.

Ce grand attrait touristique et récréatif, au niveau de ce dernier joyau de la ville d’Ifrane, où il est fréquent d’observer des incivilités et des manquement aux règles du comportement écoresponsable chez les visiteurs avec leurs pique niques organisés très proches du plan d’eau, le tapage qui suit et les enfants qui nourrissent les oiseaux d’eau ou lancent des pierres, sans oublier l’abandon des déchets plastiques, des détritus entre autres polluants au bord du lac et à même dans les eaux du lac,...un dérangement actif qui effraye l’avifaune présente, et le dérangement passif, par la seule occupation du site par les gens, qui pousse les oiseaux à éviter cette zone. Dans ces deux cas, le dérangement se traduit par une perte de l’accès aux ressources alimentaires et une perte d’habitat, engendrant de multiples conséquences qui nuisent à la bonne gestion durable non seulement du Site de Zerrouka mais aussi à tous les milieux naturels avoisinants.

Dans notre interview, le Professeur Chilasse a ajouté que « Cette année, la communauté scientifique international qui s'intéresse aux zones humides a choisi comme thème " Il est urgent de restaurer les zones humides" ». Et que la restauration des zones humides doit passer par la restauration de toutes les composantes de l'écosystème, à la fois l'eau mais aussi d’autres comme la diversité biologique de ces zones.

Notre interlocuteur a expliqué que "Dans ce sens-là, on assiste aujourd'hui à un événement pionnier et original au Maroc. Il s'agit d'aider les espèces qui se reproduisent au niveau de ce lac à se reproduire davantage et surtout pour des espèces qui construisent leurs nids à la surface de l'eau".

Après avoir expliqué que certains oiseaux d’eau rassemblent des herbes sèches et des branches, ... pour construire leurs nids flottants à la surface de l’eau, loin des berges, Monsieur Chilasse a ajouté que "Dans ce sens et parmi les aménagements proposés, on assiste au lancement de radeaux flottants à la surface de l'eau. Les foulques, qui sont des espèces qui se reproduisent ici à Zerrouka, comme la foulque caronculée, va pouvoir s'installer sur les radeaux pour assurer sa reproduction".

Ce sont deux radeaux, de 16m2 chacun, adaptés au mode de reproduction de certaines espèces d’oiseaux d’eau qui avaient l’habitude  de construire des nids flottants à la surface de l’eau. Mais face aux changements que connaissent de nos jours les zones humides, le rétrécissement de leurs surfaces et le dérangement causé par les visiteurs, ces radeaux peuvent offrir le calme nécessaire pour réussir les reproductions des espèces remarquables telle que la foulque caronculée, la foulque macroule et éventuellement le grèbe huppé qui sont trois espèces qui fabriquent leurs nids à la surface de l’eau.

La ville d’Ifrane qui vient de célébrer sa reconnaissance en tant que « ville des zones humides » par l’organisation Ramsar, par un carnaval qui a parcouru les artères de la ville, doit réussir ce défi et agir efficacement pour honorer son engagement pour la protection des zones humides. Cela ne peut pas se faire si on se limite aux grands évènements médiatisés mais plutôt par un engagement de la population locale et la sensibilisation des visiteurs avec l’interdiction des pique-niques aux bords du lac Zerrouka et sanctionner tout visiteur polluant le site par les déchets ou par une pollution sonore qui dérange la vie sauvage.



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